Vendée : une préfecture qui se tient sage
15 octobre 2020 | Par Chitoaxol
L'épidémie d'arrêtés préfectoraux imposants le port du masque se répand dans nos campagnes. Français dormez sur vos deux oreilles nous veillons sur vous !
"Ca" devait arriver dixit mavillesolidaire.fr, ça c'est l'arrêté préféctoral du 12 octobre 2020 signé par M Benoît Brocart imposant le "port du masque obligatoire à compter du mardi 13 octobre 2020 et jusqu'au mardi 27 octobre à 0h00 pour toutes les personnes de onze ans et plus circulant dans les espaces publics de la commune de la Roche-sur-Yon 85000" (Article 1) [1].
Ce qui est consternant dans cet arrêté c'est que la préfecture s'appuie sur des imprécisions et des ambiguïtés pour imposer une mesure coercitive de façon disproportionnée sur tout un territoire qui n'a rien à voir avec un coeur de métropole saturé et densément peuplé.
Les considérants semblent sortir tout droit d'une copie de master santé publique de Sciences Po, ils sont aussi significatifs par tout ce qu'ils omettent.
Prenont quelques exemples pour illustrer notre propos.
Premier exemple :
Considérant que cette mesure du port du masque pour freiner la propagation du virus est notamment à mettre en oeuvre, au regard des indicateurs épidémiologiques, sur la commune de la Roche-sur-Yon dont le taux de positivité est de 5,5%, et dont le taux d'incidence de 94,4 cas positifs pour 100000 habitants est deux fois supérieur à la moyenne du reste du département de la Vendée (46,3)
Taux d'incidence de 94,4, s'agit-t-il de personnes résidant sur la commune ? Sur la communauté de commune (venues se faire tester à la Roche sur Yon) ? Ou bien de tout le département (venues se faire tester à la Roche sur Yon) ? en l'absence de source on peut se poser la question. Quand bien même toutes ces personnes résideraient à la Roche sur Yon, ne faudrait-il pas tenir compte de la densité de population ? Par exemple si l'on compare la densité de la population (619 habitants au km2) cela fait bien moindre qu'une métropole comme Nantes (4700 habitants au km2) ou Lyon (10000 habitants au km2). Donc la probablité de circulation est bien moindre. Sans compter qu'il n'existe probablement aucune preuve de transmission par croisement sur un trottoir dans toute la littérature, ni même par promenade du chien dans une vaste étendue telle que la Vallée Verte pour ceux qui connaissent la géographie locale.
Second exemple
Considérant que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré, le 30 janvier 2020, que l'émergence d'un nouveau coronavirus (covid-19) constitute une urgence de santé publique de portée internationale
L'appel aux normes se fait sur l'OMS. Certes c'est une organisme supra-national respecté. Pourtant de l'OMS l'arrêté retient l'annonce initiale de la pandémie et préfère s'en ternir à l'ARS lorsqu'il s'agit de justifier l'impensable.
De l'OMS il aurait pu pourtant retenir les recommandations sur le port du masque [2] qui nulle part ne recommande le port du masque à l'air libre :
Questions-réponses sur les masques et la COVID-19
9 octobre 2020 Q&A
Quand le grand public doit-il porter un masque ?
Dans les environnements plus vastes où le virus se propage, le grand public devrait porter un masque lorsqu’il n’est pas possible de se tenir à au moins un mètre des autres. Parmi ces environnements, on peut citer, entre autres, les lieux fermés, bondés et mal ventilés, les transports publics et les lieux à forte densité de population
De plus, détail supplémentaire en ce qui concerne les mesures d'âge (Article 1 : "onze ans et plus") si l'on suit l'OMS l'âge frontière devrait se situer plutôt à 12 ans ("les adolescents âgés de 12 ans ou plus devraient suivre les directives nationales applicables aux adultes concernant le port du masque."), soit un an de plus que l'arrêté en question [3]. Si l'on justifie l'abaissement de l'âge à 11 ans dans la cour de récréation au collège (pour ne pas créer de confusion), pourquoi ne pas faire preuve d'un peu de souplesse et laisser les enfants plus jeunes respirer sans contrainte dans la rue (cf. mon PS).
Troisième exemple
Considérant qu'il appartient au préfet de prévenir les risques de propagation des infections par des mesures adaptées, nécessaires et proportionnées
L'on se demande bien où est la proportionalité lorsqu'une mesure s'applique indifféremment à des espaces ou des horaires où l'on ne risque pas de croiser le moindre chat (quoique voir ci-dessous) à plusieurs mètres à la ronde (et quand bien même l'on pourrait tout à fait s'éviter si l'on vient à s'y croiser). Par ailleurs l'étude des 1500 clusters de Covid-19 par Santé publique France mentionnés par la presse ces jours derniers ne mentionne nullement des clusters de contamination dans la rue ou les chemins, y figurent bien évidemment en priorité des lieux d'activités stationnaires et concentrées (entreprises, milieux d'enseignement, etc.).
Pendant que je rédige ce billet, les chats du voisinage se promènent tout autour de la maison, pourtant plusieurs cas de Covid ont été décelé chez ces félins [4], alors M le Préfet encore un effort si vous voulez être républicain, masquez ces chats que je ne saurais voir !
Précision: l'auteur de ce billet n'est ni juriste, ni activiste, juste un simple citoyen qui s'interroge sur la réthorique actuellement à l'oeuvre et l'absence de débat et de discussion dans la prise de décision publique à l'heure de cette épidémie
PS: vu ce matin, une gamine pressée ayant sans doute manqué son bus, courant sur le trottoir visiblement à bout de souffle avec un masque collé sur le visage pour rejoindre le collège à l'heure (vu la distance au moins 1km de course). Nul doute que toute la vapeur expirée par cet effort intense va lui rester plaquée toute la journée sur le visage et lui fera beaucoup de bien, l'obligation du port à l'air libre venant ainsi aggraver l'obligation du port dans son collège. Vous me direz faisant du sport elle aurait pu le retirer, mais qui va lui expliquer toutes les nuances quand on utilise la réthorique du baton.
Bibliographie
[1] Arrêté N° 20-CAB-775 (www.vendee.gouv.fr/IMG/pdf/ap_09-10-2020_obligation_de_port_du_masque_la_roche_sur_yon.pdf)
[2] recommandations sur le port du masque (www.who.int/fr/news-room/q-a-detail/q-a-on-covid-19-and-masks)
[3] L’OMS recommande-t-elle au personnel scolaire et aux enfants de porter des masques à l’école ? Et si oui, quel type de masques ? (www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/question-and-answers-hub/q-a-detail/q-a-schools-and-covid-19)
[4] Un chat porteur du coronavirus à Bordeaux, le deuxième en France (www.letelegramme.fr/france/un-chat-porteur-du-coronavirus-a-bordeaux-le-deuxieme-en-france-13-05-2020-12551511.php)